Exposition à la bibliothèque Jean-Lapierre

de Havre-aux-Maisons et programmation d'activités publiques
Du 11 octobre 2022 au 14 janvier 2023

 

Présentée par AdMare, centre d'artistes en art actuel des Îles-de-la-Madeleine
 

Artistes
Rachel Thornton

Dominique Rivard

Audrey Beaulé

Nic Wilson

Marie Samuel Levasseur

Jenna Rose Sands

 

Commissaire

Janick Burn

 

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Quand l’équipe d’AdMare m’a invitée à organiser une exposition de publications d’artistes, j’ai d’emblée souhaité découvrir et partager le travail d’artistes du Québec, des Maritimes et des régions avoisinantes qui remettent en cause les dynamiques de pouvoir de façon sensible et selon des approches multiples. Au fil de mes recherches, j’ai rassemblé des artistes qui mettent en circulation leurs publications de façon indépendante et dont la pratique en autoédition interroge les formes de visibilité et d’autorité établies. Leurs démarches s’inscrivent, à mon sens, dans une certaine culture de résistance.

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Le zine et le livre d’artiste ont émergé, au cours du vingtième siècle, parmi les mouvements de contestation des conventions et des structures dominantes portés par les milieux de la contreculture et les courants de dématérialisation et de démocratisation de l’art. Bien qu’elles aient depuis connu une évolution certaine, les publications d'artistes continuent aujourd’hui de circuler dans des réseaux parallèles à ceux des institutions de l’art comme les librairies, les bibliothèques et les communautés activistes et marginalisées. Elles permettent ainsi un dialogue avec un public qui n’est pas nécessairement celui des galeries et des musées : directement ou par la poste, les exemplaires multiples passent le plus souvent des mains des artistes à celles des personnes qui rencontrent leur œuvre au quotidien.

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Les six artistes de ce projet explorent le caractère accessible, intime et subversif de la publication en tant qu’objet imprimé, forme d’expression et lieu de diffusion pour en faire un espace d’exposition alternatif – exposition d’art, mais aussi de soi.

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Que leur approche soit fictive, autobiographique, militante ou tout cela à la fois, les artistes déplient et déploient leur imaginaire et leur expérience vécue dans la marge de leur(s) histoire(s). Cette marge, qu’iels mettent en œuvre à travers les pages de leurs zines et de leurs livres, est le lieu politique des manifestations de subjectivités qui ont le pouvoir d’agir sur le monde. Les zones d’ombre et l’étendue des possibilités du hors champ – lieu fertile, foisonnant et vivant – sont expérimentées et revendiquées par ces artistes qui proposent de sortir du cadre pour voir et être autrement. C’est par leur agentivité que s’affirme l’esprit de résistance qui anime leur pratique d’autoédition.

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Par l’assemblage d’images d’astres, de dessins de météorites et d’extraits poétiques, Rachel Thornton appréhende le cosmos depuis diverses perspectives et disciplines. Qu’elles soient issues de la mythologie, de la philosophie ou d’expériences vécues, les interprétations subjectives du ciel étoilé sont, pour l’artiste, complémentaires à celles de la science. Avec ses projets multiformes, Thornton invite à considérer que ces narrativités puissent tout autant contribuer aux connaissances et à la compréhension de l’espace.

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Dominique Rivard explore, avec le persona qu’elle construit au fil de ses œuvres, les espaces de l’imaginaire et du réel. Les textes et les images dans lesquels l’artiste se met en scène composent des récits mouvants inspirés de ses expériences personnelles, marquées notamment par l’ambition de vivre en autosuffisance. En déformant, inventant et amplifiant son vécu, elle élabore une fiction du soi dans laquelle la vérité et l’illusion se côtoient étroitement, jusqu’à devenir indiscernables.

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Avec des stratégies différentes, mais tout autant sensibles, Audrey Beaulé réclame également la multiplicité des modes d’existence. Par ses dessins abstraits et son écriture en éclats, l’artiste défie la représentation. Son processus de création et les impressions qui en résultent réfléchissent la marge – de la page, de la société – comme un lieu collectif d’émancipation. L’identité queer y est envisagée dans un désir, une nécessité de décloisonner les corps et les temps.

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Le travail de Nic Wilson se situe entre la littérature et les arts visuels. À partir de ses observations, de ses connaissances et de son expérience queer, l’artiste compose de courts essais où l’écriture, la lecture et la pensée constituent sa pratique artistique. Cette approche réflexive permet d’interroger le langage et, plus spécifiquement, la manière dont celui-ci peut créer du sens et façonner la réalité.

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Marie Samuel Levasseur ne sépare pas son quotidien de sa démarche artistique. Avec ses projets souvent collaboratifs, l’artiste propose le bavardage comme une méthodologie pour investir les failles du langage et la notion d'indicible. Les zines qu’elle confectionne cachent et révèlent des microrécits qui relatent ses expériences de vie liées entre autres à la maternité non traditionnelle, au handicap et à la violence envers les femmes.

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En réaction à son propre épuisement, Jenna Rose Sands partage dans des zines éducatifs son vécu et celui des communautés autochtones du territoire que l’on nomme Canada. Accompagnés de maintes illustrations, les témoignages et les faits attestent des conséquences concrètes, préjudiciables et toujours actuelles du colonialisme sur les premiers peuples de l’Île de la Tortue et leur descendance.

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La portée de la pensée et du travail de conception, de réalisation et d’édition de ces artistes dépasse bien sûr les pistes tracées par cette exposition collective. Parce qu’elles n’ont pas de limitations temporelles, je crois, comme la critique d’art Kate Linker, que les publications d’artiste sont des espaces sans fin. Mais je pense surtout qu'en abordant des enjeux politiques et intimes depuis des perspectives qui n'entrent pas nécessairement dans le cadre de la normativité dominante, ces artistes élargissent encore plus le champ des possibles. Et enfin, parce qu’elles doivent être feuilletées, lues et interprétées, leurs publications ont aussi cela en commun : elles appellent à l’action.

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Merci aux artistes de m’avoir laissée emprunter parfois leurs justes mots et de m’avoir aidée, ainsi que toutes les personnes qui ont contribué à ce texte de près ou de loin, à trouver les miens.

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- Janick Burn

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PROGRAMMATION D’ACTIVITÉS PUBLIQUES 

Jeudi 13 octobre
Vernissage de l’exposition Avec la commissaire Janick Burn et les artistes Rachel Thornton, Dominique Rivard, Audrey Beaulé, Nic Wilson et Marie Samuel Levasseur 

16h-19h · Bibliothèque Jean-Lapierre 

FR+EN / Ouvert à tous·tes

Samedi 15 octobre
Making Mini Zines
Atelier de création pour les familles avec l’artiste Rachel Thornton
10h-12h · Maison de la culture de Havre-aux-Maisons
EN avec traduction FR disponible / Réservé aux familles 

Samedi 15 octobre
Une marche à Havre-aux-Maisons : processus d’idéation en plein air
Atelier de création avec l’artiste Dominique Rivard
13h-17h · Départ de la Maison de culture de Havre-aux-Maisons
FR / 16 ans & + Inscription requise : écrire à colette@admare.org

*En cas de mauvais temps, l’activité sera reportée au lendemain

Lundi 17 octobre
Untitled Library Performance
Performance en continu de l’artiste Nic Wilson
16h-19h · Bibliothèque Jean-Lapierre 

Ouvert à tous·tes

Mardi 18 octobre
Tracer - Atelier de zine sur la thématique de l’émancipation avec l’artiste Audrey Beaulé
18h30-20h30 · Maison de la culture de Havre-aux-Maisons
FR / 16 ans & + Inscription requise ICI

Lundi 24 octobre
Visite commentée de l’exposition avec la commissaire Janick Burn
17h30-18h30 · Bibliothèque Jean-Lapierre
FR / Ouvert à tous·tes

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